• LA SOLITAIRE

    Dans le fauteuil Bleu, large comme un lit,
    Aux bras entrelaçants comme une caresse,
    Elle est toute nue et comme en ivresse,
    Devant la candeur du miroir poli.

    Un signe coquet qui semble un grain d'orge,
    Tressaille et tressaute en brusques élans,
    Entre ses deux seins gonflés et brûlants,
    Ses cheveux défaits roulent sur sa gorge.

    Le cou renversé, le flanc qui se tord,
    Les jarrets tendus, ses cuisses ouvertes,
    Tout son corps se cambre et ses doigts alertes,
    Fouillent l'ombre rose où frise de l'Or.

    Vite ! Vite ! Et toujours plus vite !
    Sa Main s'accélère et son bras frémit ,
    Ses yeux tournoyants sont clos à demi,
    Et son ventre blanc s'élève et palpite .

    Vite ! Encore plus vite ! Un rauque soupir,
    Un sourire étrange ! Elle a rendu l'âme ?
    Et sa main s'arrête et sa chair se pâme,
    Son souffle pressé paraît s'assoupir.

    Plus rien ! Le silence Elle est toute pâle...
    Soudain, le désir la reprend, la tient,
    Sa hanche se crispe et sa main revient,
    Vite ! Vite ! Vite! et Vite...elle râle ...

    Le soir tombe... Et tout d'ombre se remplit ,
    On ne perçoit plus que des profils vagues,
    A peine peut-être un reflet de bagues,
    Eperdument tremble au miroir poli .

    LOUIS MARSOLLEAU ( 1920)

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